L’éventualité d’avoir vécu une expérience hors du corps n’est pas évidente pour
moi. J’ai seulement le sentiment d’avoir vu qu’on m’emmenait sur un brancard à
roulette dans le couloir de l’hôpital. Quand j’ai repris connaissance, j’ai eu
la sensation de m’être trouvée dans un endroit réconfortant et sûr.
Je suis restée dans le coma pendant 2 jours. Tentant
simplement de savoir où je me trouvais et ce qui s’était passé, incapable de
parler en raison des tubes dans la gorge à cause d’un poumon effondré, je ne
pouvais communiquer que par écrit. Je me souviens d’avoir eu une énorme envie de
biscuit « Butterfinger », c’est que j’ai mangé en tout premier lorsqu’on m’a
retiré les tubes. J’ai séjourné aux Soins Intensifs pendant 11 jours. D’après ce
que les infirmières m’ont dit, elles ont dû m’attacher les bras pour que je
n’agresse pas les techniciens qui s’occupait de moi. La douleur était
insupportable. La morphine ne soulageait pas la douleur due aux côtes enfoncées.
Ce n’est qu’après avoir été transférée dans ma propre
chambre d’hôpital que je me suis mieux rendu compte de ce qui s’était passé.
Apparemment, le jour de l’accident je suis arrivée aux Urgences en état de mort
clinique. L’équipe des Urgences de l’hôpital ne parvenait pas à trouver mon
pouls. Je crois que je ne serais pas ici aujourd’hui, si le chirurgien en chef
n’avait pas été de service lorsque l’ambulance m’a amenée. Il a vraiment été mon
ange salvateur. L’équipe s’est occupée de moi pendant un bon moment pour
détecter le pouls, sans succès, ils étaient sur le point d’abandonner. Le
chirurgien en chef a insisté pour que l’équipe persiste. Il n’était pas prêt à
abandonner car j’avais seulement 28 ans à l’époque.
J’ai été hospitalisée environ 2 mois, du 20/07/79 au
17/09/79. Mes blessures étaient plutôt étendues. J’avais un poumon effondré, des
côtes enfoncées, une fracture du bassin, la rate éclatée ; ce qui a entraîné une
ablation, le foi contusionné, une fracture ouverte du tibia et du péroné
gauches, le nez cassé et quelques balafres au visage. Les médecins pensaient que
j’allais avoir des dommages au cerveau à cause du gonflement et de la commotion.
Ils me donnaient 10% de chances de survie. Je suis restée en traction pendant
tout le séjour à l’hôpital. Je ne peux pas compter le nombre d’opérations que
j’ai subies pendant cette période, sans parler de celles postérieures à mon
retour chez moi.
Quel était votre état de conscience et de lucidité au
moment de l’expérience ?
J’étais totalement sans connaissance, je ne me rappelle
de rien. Je n’ai pas su ce qui s’était passé avant qu’on me montre des photos de
ma voiture. Je n’arrivais pas à croire que tout cela s’était produit et que je
sois encore là. Je suis heureuse de ne pas m’en souvenir. J’avais un peu
d’appréhension lorsque je suis passée à l’endroit de l’accident, lorsque j’ai
finalement pu conduire à nouveau. J’avais peur que le fait de me trouver là
déclenche l’événement mais, Dieu merci, ce n’est pas arrivé. J’ai emprunté à
nouveau cette route tous les jours quand j’ai repris le travail.
D’une certaine manière, l’expérience ressemblait-elle à
un rêve ?
La seule chose qui ressemblait à un rêve, c’était le
fait de me voir moi-même sur un brancard à roulette qu’on véhiculait dans le
couloir de l’hôpital. Et, bien sûr, lorsque j’ai repris connaissance, la
sensation de m’être trouvée à un endroit me donnant un sentiment de réconfort.
Avez-vous vécu une séparation de votre conscience et de
votre corps ?
Indécise. Je me trouvais au dessus de mon corps, le
regardant se faire véhiculer dans le couloir de l’hôpital. Mon regard
surplombait l’arrière de ma tête.
Avez-vous entendu des sons ou des bruits inhabituels ?
Non
Etes-vous passé(e) dans ou avez-vous traversé un tunnel
ou un espace fermé ?
Non
Avez-vous vu une lumière ?
Non
Avez-vous rencontré ou vu d’autres êtres ?
Non
Avez-vous revu des évènements passés de votre vie ?
Non
Avez-vous observé ou entendu, pendant votre expérience,
quoi que ce soit, concernant des personnes ou des évènements et qui a pu être
vérifié par la suite ?
Non
Avez-vous ressenti une modification de l’espace ou du
temps ?
Indécise. Pas avant que je sois semi-consciente et que
j’aie le sentiment de m’être trouvée ailleurs. J’imagine que je pourrais nommer
cela : zone avec sensation de sûreté, de réconfort, de sécurité.
Avez-vous eu le sentiment d’avoir accès à une
connaissance particulière, à un sens et / ou à un ordre de l’univers ?
Indécise. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai plus
peur de la mort.
Avez-vous atteint une limite ou une structure physique de
délimitation ?
Non
Avez-vous pris connaissance d’évènements à venir ?
Non
Avez-vous été impliqué(e) dans, ou au courant d’une
décision de retour au corps ?
Non
Suite à votre expérience, avez-vous eu des dons spéciaux,
paranormaux, de voyance ou autre, que vous n’aviez pas avant l’expérience ?
Oui. Je pense que je perçois beaucoup plus le
surnaturel maintenant.
A la suite de l’expérience, votre comportement ou vos
croyances ont-ils changé ?
Oui. Je n’ai plus peur de la mort, je redoute
uniquement la souffrance qui la précède.
De quelle manière l’expérience a-t-elle affecté vos
relations ? Votre vie quotidienne ? Vos pratiques religieuses ou assimilées ?
Vos choix de carrière ?
J’ai davantage d’estime de moi-même. Je subissais une
relation destructrice et agressive au moment de l’accident. J’en suis alors
sortie et je ne tolérerai plus aucune agression. J’ai également beaucoup plus de
compassion et d’empathie envers autrui. Je suis devenue masseuse et soignante.
Votre vie a-t-elle changé spécifiquement en conséquence
de cette expérience ?
Oui. J’ai quitté mon mari qui m’agressait. J’ai
davantage de compassion et d’empathie envers autrui. J’ai développé des
capacités pour soigner. J’ai trouvé un mari aimant, sensible et attentionné.
Avez vous raconté cette expérience à d’autres personnes ?
Oui.
Quelles émotions avez-vous éprouvées suite à votre
expérience ?
J’ai éprouvé différentes émotions. En commençant par
essayer de guérir, de réapprendre à marcher. Je me souviens des agents de
service de l’hôpital qui sont venues dans ma chambre en faisant le signe de
croix. Elles disaient que c’était un miracle. Je me rappelle également d’un
employé de l’hôpital, il m’a dit que j’étais dans un état tellement critique que
je devais m’estimer heureuse d’être là on était en effet sur le
point de me mettre une étiquette à l’orteil. J’imagine
qu’il s’agit d’une confirmation absolue de la réalité. J’ai eu une boule dans
l’estomac lorsqu’il me l’a révélé.
Quelle a été la partie la meilleure et puis la pire de
votre expérience ?
La meilleure partie de mon expérience a été de
comprendre la mort à un niveau différent, de récupérer la capacité de marcher,
de tout simplement ressentir une force intérieure générale que je ne possédais
pas auparavant.
La pire partie a été la douleur et la souffrance que mon
corps a endurées.
Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez ajouter au
sujet de l’expérience ?
J’ai beaucoup plus de respect pour les professions
médicales. Je suis également consciente de ce que représente le fait de se
trouver dans un état de vulnérabilité et de dépendance totale. Je dois dire que
je ne cessais de me demander pourquoi j’avais survécu. Je crois vraiment que ce
n’était tout simplement pas encore mon heure ! Il me restait encore des choses à
faire ici sur le plan physique.
Après l’expérience, d’autres éléments dans votre vie, des
médicaments ou des substances ont-ils reproduit une partie de l’expérience ?
Indécise. En 1996, j’ai subi une hystérectomie qui a
entraîné une hémorragie, ce qui m’a retenue à l’hôpital bien plus longtemps que
prévu. J’ai relativement souffert de cette expérience.
Les questions posées et les informations que vous venez
de fournir décrivent-elles complètement et avec exactitude votre expérience ?
Indécise. Je crois que oui, mais je suis certaine de
n’avoir pas mentionné certaines choses, c’est en effet arrivé il y a tellement
longtemps.
Merci de proposer toute vos suggestions afin d’améliorer
le questionnaire :
Je n’en vois aucune pour le moment.