EMI de Linda S
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DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE :

Je ne sais par où entamer le récit de mon expérience, j’imagine que le mieux serait de commencer par le commencement.

Etant enfant, j’avais été gravement agressée par mon beau-père. A l’âge de 13 ans il m’a poignardée à la poitrine et m’a abandonnée mourante au bord de la route. J’ai eu beaucoup de chance d’être découverte par un passant et amenée à l’hôpital pour y être soignée et guérie. A la suite de cette agression, j’ai passé environ 6 mois en convalescence à l’hôpital. L’agression n’a pas de lien avec l’expérience de mort imminente, mais je souhaite fournir des informations générales sur moi-même et sur certains évènements dans ma vie qui m’ont conduite à une tentative de suicide. Après ma guérison, ma mère a décidé de déménager avec moi et ma fratrie, de la petite ville où nous avions vécu nous sommes allés dans la grande ville de Toronto. Ce déménagement a constitué un violent choc culturel pour moi, on m’a également très clairement ordonné d’oublier l’agression et de poursuivre le cours de ma vie. On ne m’a proposé ni conseil ni soutien. J’étais malheureusement incapable d’y parvenir et j’ai été forcée de survivre coute-que-coute.

J’ai fait une première tentative de suicide peu après le déménagement à Toronto, j’avais alors 14 ans et cela ne fut que le début d’une grande spirale dans ma vie. Après l’agression je suis devenue très dépressive et mon seul but dans la vie était de mourir. J’ai fait au moins 50 tentatives de suicide (toutes par surdose de médicament). Nombre de ces tentatives ont failli aboutir. Malgré cela je n’ai jamais perdu connaissance et je ne suis pas non plus morte cliniquement, jusqu’à la dernière tentative il y a 10 ans. Celle-ci a eu un tel impact sur ma vie que je n’ai plus jamais recommencé et que je ne recommencerai plus.

Environ un mois auparavant, j’avais subi une grand deuil. Ma sœur de 15 ans a été percutée et tuée par un conducteur ivre. Après sa mort, j’ai totalement renoncé, absolument plus rien dans la vie n’avait d’importance pour moi. Ma sœur était la seule personne en ce monde qui m’était proche et qui comptait pour moi. J’avais le sentiment d’avoir passé la majeure partie de ma vie à lutter contre la dépression, à remettre mon existence en cause, ma sœur constituait la seule motivation d’une aussi âpre bataille pour la survie. J’ai complètement abandonné, j’ai juré que cette fois j’allais réussir à mettre fin à mes jours.

Je savais que j’avais de graves problèmes, je me suis donc fait admettre en Service de Psychiatrie à l’hôpital, espérant qu’on puisse me protéger contre moi-même, ou m’aider à trouver une raison de continuer à vivre. 3 jours après avoir été admise, je suis allée voir une infirmière en lui disant que j’avais besoin de parler car, à cet instant précis, j’avais envie de mourir. Elle m’a répondu qu’elle avait sa pause dîner et qu’elle allait venir me parler ensuite. Je me suis alors violemment mise en colère, je me suis dit que j’allais lui montrer. Je suis alors allée chercher une permission de sortie temporaire de 2 heures (autorisée pour les volontaires). Alors que je venais de dire que j’étais en train de penser au suicide, on m’a quand-même laissée sortir.

J’ai quitté l’hôpital et je me suis arrêtée à la première pharmacie que j’ai trouvée, j’y ai acheté un tas d’antidouleurs. Je me suis ensuite rendue à l’hôtel le plus proche et j’ai pris une chambre. Une fois à l’intérieur, j’ai avalé les comprimés et bu une grande quantité d’alcool qui se trouvait dans le réfrigérateur de la chambre. Je n’avais jamais absorbé autant de comprimés, j’étais donc certaine que ça allait fonctionner.

Je n’avais pas vraiment réfléchi au processus de la mort, ni à ce qui allait se passer. Je pensais simplement que la mort allait tout achever, que j’allais m’endormir paisiblement, que je n’allais jamais me réveiller, le reste de l’éternité allait simplement être vide, inexistant. Je n’avais pas vraiment de croyance. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’étais athée, mais je n’étais pas sûre de croire en Dieu non plus. Je ne me préoccupais pas réellement d’un aspect ou d’un autre de la mort, je n’y ai pas vraiment réfléchi.

Quelques heures après avoir ingéré les comprimés et l’alcool, j’ai décidé que je ferais mieux d’aller à l’hôpital, j’avais en effet dépassé les 2 heures durant lesquelles j’étais autorisée à rester à l’extérieur. J’avais peur qu’on appelle la police, j’ai donc décidé de revenir sans dire que j’avais avalé des comprimés. Il m’a fallu environ une heure pour franchir les 3 pâtés de maison entre l’hôtel et l’hôpital, j’étais fortement saoulée par le mélange de comprimés et d’alcool, j’ai donc dû m’arrêter plusieurs fois pour me reposer. Lorsque je suis finalement arrivée à l’étage principal, à cause de l’horaire tardif j’ai été Accueillie par 2 vigiles. Il était tout à fait évident que j’étais intoxiquée car j’étais incapable de marcher droit, je suis certaine que mon haleine empestait l’alcool. Les vigiles m’ont raccompagnée au Service de Psychiatrie. Une infirmière m’a braqué une torche dans les yeux pour contrôler les pupilles, elle m’a ensuite dit d’aller au lit pour cuver. Je n’ai pas lâché un mot au sujet des comprimés. Je suis allée au lit ainsi qu’on me l’avait ordonné, supposant que j’allais mourir dans la nuit.

Le lendemain matin, je me suis réveillée avec de fortes nausées, pour m’exprimer ainsi : malade comme un chien. J’étais sous le choc et dans une grande confusion par rapport au fait d’être encore en vie. J’ai passé toute la journée au Service de Psychiatrie, courant tous les quarts d’heures aux toilettes pour vomir. J’avais des vertiges et très envie de rendre, j’étais extrêmement malade mais toujours bien en vie. Cela me troublait beaucoup à cause du nombre de comprimés que j’avais absorbés la nuit précédente. J’ai commencé à penser que je n’allais finalement pas mourir, que les comprimés devaient juste terminer leur transit dans l’organisme. Il était tout à fait évident pour tout le monde autour de moi que j’étais très, très malade, mais comme j’avais été ivre la veille, les infirmières ont cru que j’avais seulement une violente gueule de bois. Je souhaitais leur parler des médicaments parce que je ne croyais plus que j’allais mourir, j’espérais qu’elles allaient pouvoir me donner quelque chose afin de me sentir mieux, j’allais en effet tellement mal. J’avais toutefois peur d’être internée ou enfermée à cause de la tentative de suicide. J’ai donc décidé de me taire.

Le soir je n’ai plus supporté les vertiges et la nausée. J’ai craqué et j’ai parlé à une infirmière des comprimés que j’avais pris la nuit précédente. Elle a paru très sceptique, comme si elle ne me croyait pas, elle a cependant répondu qu’elle allait informer le médecin de garde. Celui-ci a immédiatement prescrit une analyse de sang. On m’a dit que cette dernière montrait que j’avais pris des médicaments, mais que cela ne paraissait pas si grave, qu’en aucun cas je n’avais pu prendre la quantité de comprimés annoncée. J’étais très troublée parce que je savais ce que j’avais pris, je ne comprenais donc pas pourquoi l’analyse indiquait différemment. Cela n’a fait que renforcer ma conviction que les comprimés ne faisaient que poursuivre leur transit, que je n’allais pas mourir. Le médecin a décidé qu’on allait simplement me poser une perfusion par mesure de précaution, on allait pratiquer des analyses de sang toutes les 3 heures afin de s’assurer que tout allait bien.

Je suis restée en Psychiatrie avec une perfusion pendant 2 jours puis, une analyse a soudainement commencé à indiquer des dommages au foie. On a alors décidé de me transférer en Médecine, en observation stricte. On a poursuivi les analyses, chacune indiquant des dommages au foie plus importants que la précédente. Après 2 jours en Médecine (4 jours après avoir absorbé la surdose de comprimés), le foie s’est détérioré au point qu’on m’a informée qu’il me fallait une greffe et qu’on me transférait aux Soins Intensifs. On m’a dit qu’étant donné que j’avais volontairement détruit mon propre foie, j’allais être en priorité basse pour un nouveau foie, sans celui-ci pourtant, ma mort était certaine. A ce moment-là j’ai commencé à penser que j’allais peut-être mourir. Toutefois j’étais également dans le déni, 4 jours s’étaient en effet écoulés depuis ma tentative de suicide, j’avais réfléchi et je ne voulais plus mourir. J’étais alors tout à fait consciente et lucide, je ne me sentais pas mortellement malade. J’ai eu des difficultés à accepter et comprendre ce que les médecins me disaient. On a prévenu mes parents qui vivaient dans le New Brunswick à l’époque, on leur a dit de venir à l’hôpital dès que possible parce que j’étais extrêmement malade.

J’ai quitté mon corps avant que mes parents n’arrivent. Je flottais en l’air près du plafond, je me voyais allongée sur le lit. J’ai vu 8 flacons de perfusion reliés à la grande veine du cou. Le liquide d’un des flacons avait une teinte brunâtre. J’ai entendu une infirmière crier que j’étais en arrêt cardiorespiratoire. Je me suis ensuite senti tomber dans un tunnel obscur. Il faisait un noir d’encre et je ne voyais rien. Tout à coup, j’ai vu un serpent brillant ressemblant à un lézard qui bondissait vers moi, j’étais terrifiée. Immédiatement j’ai vu de nombreuses créatures reptiliennes tout autour de moi. Elles sautaient dans ma direction à mesure de ma chute. J’étais pétrifiée au-delà de toute description. J’ai vraiment eu la sensation que j’allais vers un genre d’enfer, j’ai commencé à penser qu’il devait donc exister une sorte de Dieu.

Ensuite, pour une raison étrange, je me suis mise à penser à une prière que ma grand-mère me faisait réciter quand j’étais petite, je l’avais totalement oubliée jusqu’alors. Elle disait : « Je prie le Seigneur de pardonner mes fautes. Si je devais mourir avant mon réveil, je prie le Seigneur de prendre mon âme. ». J’ai commencé à la réciter encore et encore. J’ai alors vu ma sœur, récemment percutée et tuée par un conducteur ivre. Une lumière brillait autour d’elle, la sérénité qu’elle dégageait était indescriptible. Elle a commencé à me guider et je me suis retrouvée dans un autre tunnel ascendant sur la droite. Ce dernier était extrêmement brillant avec de nombreuses couleurs indescriptibles et de grandes quantités de lumières blanches. Je me déplaçais extrêmement vite, il y avait une immense lumière blanche et intense au bout du tunnel.

J’ai éprouvé plus de sérénité, de paix et d’amour que je ne pourrais l’exprimer avec des mots. J’étais totalement hypnotisée, emplie de révérence. J’étais très, très attirée par cette lumière, je voulais continuer d’aller vers elle. Mais quand j’ai commencé à m’approcher, j’ai entendu une voix masculine me dire que je devais repartir, que ce n’était pas encore mon heure. Cette voix a poursuivi en déclarant que j’allais aider à l’éducation et l’enseignement de nombreuses personnes. J’ai ensuite eu conscience de revenir dans mon corps, mais je ne pouvais ni bouger, ni ouvrir les yeux. Je me souviens d’avoir ordonné à ma main de bouger, d’avoir essayé d’ouvrir les yeux, mais quelle qu’ait été l’intensité de mon effort, je n’y parvenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi alors, mais maintenant je pense que c’est probablement parce que j’ai quitté mon corps quand j’étais en arrêt cardiorespiratoire, puis je l’ai réintégré après avoir été réanimée. Toutefois, après la réanimation j’étais dans le coma, à mon avis cela explique pourquoi je ne pouvais ouvrir les yeux.

Ce type d’expérience est-il difficile à décrire avec des mots ? Oui . Je n’ai jamais parlé de mon EMI jusqu’à aujourd’hui, il m’est donc difficile de la formuler de façon compréhensible. Il est également compliqué de trouver les mots adéquats pour décrire ce que j’ai vécu car rien n’est comparable dans ma vie ou dans ce monde, il est donc extrêmement difficile de trouver les termes et les descriptions qui conviennent.

Au moment de l’expérience une situation mettait-elle votre vie en danger ? Oui . J’avais fait une tentative de suicide en prenant une surdose massive de médicaments. J’ai subi trois arrêts cardiorespiratoires et je suis restée six mois dans le coma.

A quel moment de l’expérience étiez-vous au niveau d’état de conscience et de lucidité maximum ? J’étais sans connaissance mais je me sentais très consciente, éveillée et lucide.

Comparez votre niveau d’état conscience et de lucidité maximum pendant l’expérience à votre état de conscience et lucidité habituel de tous les jours ? Plus consciente et lucide que d’habitude.

Si votre niveau d’état de conscience et de lucidité maximum pendant l’expérience était différent de votre état de conscience et de lucidité de tous les jours, veuillez préciser : Cela semblait tellement plus réel que tout ce que j’avais vécu dans ma vie.

Votre vue était-elle différente d’une manière quelconque de la vue de tous les jours (pour tous les aspects tels que clarté, champ de vision, couleurs, luminosité, degré profond de perception de la massivité/transparence des objets, etc.) ? Tout paraissait tellement plus coloré et lumineux que d’habitude.

Votre ouïe différait-elle de manière quelconque de l’audition normale (pour tous les aspects tels que clarté, capacité à identifier la source sonore, hauteur, force, etc.) ? Indécise

Avez-vous vécu une séparation de votre conscience et de votre corps ? Oui

Quelles émotions ressentiez-vous pendant l’expérience ? Au début j’étais pétrifiée. Puis j’ai commencé à me sentir très calme, sereine et j’ai ressenti un flot d’amour indescriptible.

Avez-vous traversé un tunnel ? Oui . J’ai traversé deux tunnels que j’ai décrits plus haut en N° 3.

Avez-vous vu une lumière ? Oui

Avez-vous rencontré ou vu d’autres êtres ? Oui . J’ai vu ma sœur décédée, j’ai entendu une voix masculine dont j’ai senti qu’il s’agissait de Dieu, décrit plus haut en N° 3.

Avez-vous revu des évènements passés de votre vie ? Oui . J’ai vu ma vie défiler devant moi, peu après avoir quitté mon corps et alors que j’étais encore dans ma chambre à l’hôpital. On m’a dit que j’allais aider à instruire et enseigner à de nombreuses personnes, c’est exactement ce que je suis en train de faire maintenant.

Pendant votre expérience, avez-vous observé ou entendu quelque chose concernant des personnes ou des évènements et qui ait pu être vérifié par la suite ? Non. J’ai vu beaucoup de choses dont je pense qu’elles pourraient être vérifiées, mais je n’ai jamais parlé de cette expérience avant aujourd’hui, je n’ai donc pas été en mesure de contrôler.

Avez-vous eu le sentiment d’une modification de l’espace ou du temps ? Oui . Le temps n’avait pas d’importance et ne semblait pas exister. La notion de temps était très vague. L’expérience m’a paru durer quatre heures, mais je pense que l’EMI a probablement eu lieu alors que j’étais cliniquement morte, donc seulement quelques minutes en fait. Par ailleurs, je suis restée 8 mois dans le coma à la suite de l’arrêt cardiaque, lorsque je me suis réveillée j’étais totalement en état de choc. Je n’avais aucune idée de l’ampleur de la durée écoulé. Je pensais que une journée avait peut-être passé, mais 8 mois… quel choc.

Avez-vous eu le sentiment d’avoir accès à une connaissance particulière, à un but et / ou à un ordre de l’univers ? Indécise. A l’époque tout paraissait logique, mais maintenant je ne m’en souviens plus.

Avez-vous atteint une limite ou une structure physique de délimitation ? Oui . J’ai senti que je n’allais pas pouvoir réintégrer mon corps si j’allais dans la grande lumière au bout du tunnel.

Avez-vous raconté cette expérience à d’autres personnes ? Non

Connaissiez-vous les expériences de mort imminente (EMI) avant votre expérience ? Non

Comment considériez-vous la réalité de votre expérience peu après qu’elle ait eu lieu (quelques jours ou semaines) : L’expérience était probablement réelle. Elle paraissait réelle, j’étais toutefois très désorientée juste après m’être éveillée du long coma,, j’ai donc commencé à me convaincre qu’il s’agissait probablement de l’effet des drogues qu’on m’avait administrées à l’hôpital, ou bien que j’avais eu des hallucinations à cause de mon état. Cela me paraissait très réel cependant.

Y a-t-il eu une ou plusieurs parties de l’expérience particulièrement significative(s) ou avec une valeur particulière pour vous ? Oui . Je crois maintenant sans l’ombre d’un doute que Dieu existe, qu’Il est empli de plus d’amour que notre langue ne pourra jamais l’exprimer. Je suis devenue chrétienne depuis l’EMI, j’éprouve un amour pour autrui et un désir d’aider inextinguibles. Je suis devenue une oratrice inspirante, je raconte mon histoire à de nombreuses personnes, entités et organisations. J’ai beaucoup paru dans les médias à cause de mon histoire, on vient de m’accorder un prix régional intitulé : « Le courage de revenir ». Je raconte l’aspect physique aux gens (la tentative de suicide, la dépression, l’agression quand j’étais enfant, etc.). Par contre, je n’ai jamais raconté à personne ce que j’ai vécu quand je suis effectivement morte ou quand j’étais dans le coma. J’imagine que si quelqu’un avait voulu le savoir, la question aurait été posée, ce qui n’a jamais été le cas.

Comment considérez-vous actuellement la réalité de votre expérience? L’expérience était tout à fait réelle. Elle est davantage réelle que tout ce que j’ai vécu dans ma vie, j’ai l’impression qu’elle s’est produite hier. Elle est absolument réelle.

Vos croyances/pratiques religieuses ont-elles changé spécifiquement à cause de votre expérience ? Oui . Je suis une chrétienne régénérée.

Après l’expérience, d’autres éléments dans votre vie, des médicaments ou des substances en ont-ils reproduit une partie ? Non

Les questions posées et les informations que vous venez de fournir décrivent-elles complètement et avec exactitude votre expérience ? Oui



DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE :

Je ne sais trop où commencer la tentative de décrire mon expérience, le mieux serait, me semble-t-il, commencer au point de départ.

Pendant mon enfance, j'étais sévèrement maltraitée par mon beau-père, et quand j'avais 13 ans il m'a livré un coup de couteau à la poitrine, et il m'a laissée au bord de la route à l'article de la mort. Par bonheur, un passant m'a trouvée et m'a emmenée à l'hôpital où on m'a soignée, et j'ai pu me rétablir. J'ai passé environ 6 mois à l'hôpital en voie de convalescence à la suite de cette aggression. Celle-ci n'a aucun rapport direct avec mon expérience de mort imminente, mais je voulais donner quelques informations de fond, sur moi et sur certains événements de ma vie qui ont précédé mon attentat de suicide. Lorsque j'étais guérie, ma mère s'est décidée à déménager, avec moi et mes frères et ma soeur, de la petite ville de Mattawa où nous habitions, pour aller à la grande ville de Toronto. C'était un dépaysement choquant pour moi, en plus on m'a fait savoir sans doute possible que je devais oublier l'aggression et commencer de vivre ma vie. Aucune offre de conseil ni d'appui psychologique. Malheureusement, je ne pouvais pas l'oublier. C'était à moi de me débrouiller comme je pouvais.

Ma première tentative de suicide était peu après le déménagement à Toronto, quand j'avais 14 ans, et ainsi a commencé un cercle vicieux dans ma vie. L'aggression m'avait précipitée dans une sévère dépression, et je me fixais entièrement sur le désir de mourir. J'ai tenté le suicide au moins 50 fois (overdoses à chaque fois). Plusieurs attentats ont failli être mortels, malgré quoi je n'avais jamais perdu connaissance ni je n'étais jamais formellement morte, jusqu'à la dernière tentative qui a eu lieu il y a 10 ans environ. Celle-ci m'a produit un tel effet dans la vie que je n'ai jamais ressayé le suicide, d'ailleurs je ne le ressayerai plus jamais.

A peu près un mois avant cette dernière tentative de suicide, j'ai essuyé une perte accablante. Ma soeur, qui avait 15 ans, a été renversée par un chauffard (coupable de délit de fuite, et en état d'ivresse). Après sa mort, j'ai abandonné tout espoir, rien ne m'importait plus dans la vie. Ma soeur était la seule personne au monde avec qui j'eusse des liens d'intimité, la seule personne significative pour moi. Il me semblait que j'avais passé la meilleure partie de ma vie à lutter contre la dépression, à douter de l'importance de mon existence, et que ma soeur était la seule raison de vivre qui me permette de lutter si fort. J'ai abandonné tout à fait la lutte, et cette fois-ci j'étais déterminée à mettre fin à mes jours.

Je savais où j'en étais, c'est donc pourquoi je me suis faite admettre à l'unité psychiatrique d'un hôpital, dans l'espoir qu'ils pourraient me protéger de moi-même, ou bien qu'ils m'aident à trouver une raison pour continuer de vivre. 3 jours après mon entrée à l'hôpital, j'ai abordé mon infirmière pour lui dire que j'avais besoin de lui parler, car j'avais envie de mourir à l'instant même. Elle m'a dit qu'elle allait en pause de souper, et qu'elle me parlerait plus tard. Je me suis mise en colère, j'ai commencé à me dire que je lui apprendrais! J'ai signé alors la fiche de pointage pour une sortie provisoire, ce qui m'était permis pour une période de 2 heures à la fois, vu que j'y étais volontairement. Je venais de dire que je voulais mourir de suite, mais malgré cela, on m'a laissée partir!

J'ai quitté l'hôpital et à la première pharmacie sur mon chemin j'ai acheté un tas de cachets de Tylenol (Paracétamol), extra-forts. Puis je suis allée à l'hôtel le plus proche, où j'ai pris une chambre. Une fois dedans, j'ai avalé 300 cachets avec beaucoup d'alcool que j'ai pris dans le frigo de la chambre. Je n'avais jamais avalé tant de cachets avant, donc j'étais persuadée que cela réussirait.

Le processus de mourir, ce qui m'arriverait en l'occurrence, je n'y pensais même pas. Pour moi la mort serait la fin de tout, je m'endormirais tranquillement, pour ne plus me réveiller, et ce qui restait de l'éternité serait un blanc, non-existant. Croyances, je n'en avais point. Je ne dirais pas que j'étais athée, mais je n'étais pas sûre si je croyais en Dieu, non plus. Quant à tout cela, cet aspect de la mort m'indifférait plutôt, je n'y réflechissais pas beaucoup en fait.

Deux heures environ après avoir avalé tous les cachets, et l'alcool, j'a décidé que mieux vaudrait retourner à l'hôpital, car les 2 heures de permission s'étaient déjà écoulées. J'avais peur qu'on appelle la police, alors j'ai décidé de retourner sans rien dire au sujet des cachets.

J'ai mis une heure environ pour marcher les 3 blocs jusqu'à l'hôpital à cause de mon état d'ivresse par suite du mélange de cachets et alcool. Du coup j'ai du m'arrêter plusieurs fois pour me reposer. Quand je suis arrivée finalement, 2 gardes m'ont Accueillie à l'étage principal, à cause de l'heure tardive. C'était très évident que j'étais intoxiquée puisque je ne pouvais pas marcher droit devant moi, et sûrement je puais l'alcool. Ils m'ont escortée à l'unité psychiatrique. L'infirmière m'a vérifié les pupilles avec une torche, puis elle m'a renvoyée au lit pour cuver mon vin. Je suis restée coi au sujet des cachets. Je me suis couchée comme prévu, dans l'attente de mourir pendant la nuit.

Le lendemain matin, je me suis réveillée malade comme un chien, pour m'exprimer sans finesse. J'étais choquée et désorientée en me trouvant encore vivante. Toute la journée à l'unité psychiatrique, je courais aux toilettes toute les 15 minutes, saisie de vomissements. Je me sentais malade, écoeurée et près de la mort, mais je me trouvais tout de même très vivante, ce qui m'a beaucoup déconcertée vu le nombre de pillules que j'avais avalées la veille. J'ai commencé à croire que je ne mourrais pas, après tout, et que les cachets devaient s'éliminer de mon système avec le temps. Il était très évident à tous ceux qui me voyaient que j'étais très malade, mais parce que j'avais pris une cuite la nuit d'avant, les infirmières tenaient pour acquis que j'avais une sacrée gueule de bois. Je voulais leur parler au sujet des cachets, car je ne croyais plus que j'allais mourir, et j'espérais qu'elles pourraient faire quelquechose pour me soigner, tellement je me sentais malade, mais j'avais peur qu'on m'internerait, à cause de l'attentat de suicide. Du coup, j'ai décidé de ne rien dire. Ce soir-là, je n'en pouvais plus, tant je me sentais écoeurée, prise de vertige et malade. J'ai fini par céder, j'ai déclaré à l'infirmière les pillules que j'avais prises la veille. Elle en avait l'air très incrèdule, elle ne voulait pas me croire, mais elle m'a dit qu'elle consulterait le médecin de service. Celui-ci a ordonné une analyse de sang immédiate. L'analyse, m'a-t-on dit, accusait une dose de paracétamol, mais ce n'était pas si grave que ça, il n'y avait aucune possibilité d'une dose aussi grande que je ne revendiquais. J'en étais très déconcertée, car je savais la dose que j'avais prise, je ne comprenais pas pourquoi l'analyse leur disait autrement. Cela m'a simplement renforcé la notion que les pillules étaient en voie d'élimination, et que je n'en mourrais pas. Le docteur a décidé de me poser une perfusion par précaution, et qu'on me ferait une analyse de sang toutes les 3 heures, pour être sûre que tout allait bien.

Je suis restée à l'unité psychiatrique pendant 2 jours, en perfusion, puis tout d'un coup l'analyse de sang accuse le foie ravagé. On a décidé alors de me transférer à un étage médical pour me surveiller de plus près. L'analyse continue, à chaque fois il y a de plus en plus de détérioration dans le foie. Au bout de 2 jours à l'étage médical (4 jours depuis mon overdose), mon foie en est au point où on me dit que j'ai besoin d'une transplantation. On m'a transférée aux soins intensifs. Parce que mon foie a été détruit par ma faute, j'ai la moindre priorité pour recevoir un foie greffé, sans quoi je suis certaine de mourir. C'est à ce point-là que je suis plongée en contemplation de mort imminente. Pourtant, j'ai du mal à l'accepter, ça fait 4 jours depuis l'attentat de suicide et je commence à changer d'avis, je ne veux plus mourir. J'était très consciente et lucide à ce point-là, je ne me sentais pas près de mourir. C'était difficile d'accepter et de comprendre ce que me disaient les médecins. Mes parents qui habitaient à New Brunwick ont été contactés, on leur a dit de se dépêcher de se diriger à l'hôpital, car j'étais grièvement malade.

J'ai quitté mon corps avant l'arrivée de mes parents. Je flottais dans l'air près du plafond, et je me voyais couchée sur le lit. J'ai vu 8 sacs de fluides dont les tubes menaient à la grande veine jugulaire. Un des sacs contenait un liquide brunâtre. J'ai entendu l'infirmière qui criait que j'étais en arrêt cardiaque et respiratoire. Alors je me suis trouvée en chute dans un tunnel obscur. La noirceur était complète, je ne voyais rien du tout. Soudain, j'ai vu un serpent, comme un lézard , qui a fait un bond vers moi, j'étais terrifiée. En suite j'étais entourée de ces créature serpentines, qui bondissaient sur moi au cours de ma chute. J'étais saisie de terreur, cela dépasse mes pouvoirs d'expression. J'étais convaincue d'être vouée à quelque enfer, alors je me suis mise à réfléchir qu'il devait y avoir un Dieu de quelque sorte. Puis pour une raison bizarre, j'ai commencé à me rappeler une prière que ma grandmère disait avec moi quand j'étais petite, et que j'avais oubliée totalement jusqu'à ce moment-là. C'était «Seigneur pardonne-moi tous mes péchés. Si je meure avant demain, que Dieu me garde dans ses mains» («I pray to the Lord to forgive my wrongs. If I should die before I wake. I pray the Lord my soul to take.») J'ai répété cela à maintes reprises.

Alors d'un coup j'ai vu ma soeur qui était récemment morte, tuée par un chauffard ivre. Elle était entourée de lumière et elle avait un air de paix en elle qui est indescriptible. Elle s'est mise à me guider, et tout de suite je me suis trouvée dans un autre tunnel, sur la droite, qui montait vers le haut. Ce tunnel était brillant , avec beaucoup de couleurs indicibles et un tas de petites lumières blanches. J'avançais à une extrême rapidité vers une grosse lumière brilllante, là au bout. Je ressentais plus de sérénité, paix et amour que je ne pourrais jamais exprimer en paroles. Je me sentais fascinée, saisie de révérence et d'humilité. La lumière m'attirait puissamment, et je voulais continuer vers elle, mais quand j'étais à proximité d'elle, j'ai entendu une voix masculine qui m'a dit de reculer. Ce n'était pas encore mon temps. Cette voix à continué, en me disant que j'allais aider beaucoup de personnes à s'informer, à s'instruire. Puis je suis devenué consciente d'être de nouveau dans mon corps, mais je ne pouvais ni bouger ni même ouvrir les yeux. Je me souviens d'avoir dit à ma main de se mouvoir, et d'avoir tenté d'ouvrir les yeux, mais je n'y pouvais rien, malgré tous mes efforts. Lors de l'expérience, je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas agir, mais maintenant je crois que c'est probablement parce que j'avais quitté mon corps pendant l'arrêt cardiaque et respiratoire, pour revenir quand on m'a réanimée. Mais, après la réanimation j'étais en coma, ce qui expliquerait pourquoi je ne pouvais ni bouger, ni ouvrir les yeux.

Ce type d’expérience est-il difficile à décrire en mots? Oui , je n'ai jamais confié mon expérience à personne jusqu'ici, il est donc difficile de trouver moyen de m'exprimer d'une façon cohérente. Difficile du reste de trouver les mots justes pour décrire l'expérience, vu que rien ne peut se comparer à celle-ci, ni dans ma vie, ni dans le monde entier. Trouver les mots justes et les descriptions adéquates est pour autant extrêmement difficlle.

Au moment de cette expérience, y avait-il une situation menaçant votre vie? Oui

A quel moment pendant l’expérience étiez-vous au niveau d’état de conscience et de lucidité maximum ? J'avais perdu connaissance, mais je me sentais très consciente, alerte et lucide.

Comparez votre niveau d’état conscience et de lucidité maximum pendant l’expérience et votre état de conscience et lucidité habituel de tous les jours? Plus de conscience et de lucidité que d'habitude. Cela semblait tout simplement beaucoup plus réel que n'importe quelle expérience de ma vie entière.

Votre vue était-elle différente d’une manière quelconque de votre vue de tous les jours? Oui , tout paraissait plus brillant, aux couleurs plus vives que d'habitude.

Votre audition différait-elle de manière quelconque de votre audition normale? Je n'en suis pas certaine

Avez-vous vécu une séparation de votre conscience et de votre corps? Oui

Quelles émotions ressentiez-vous pendant l’expérience? Au début j'étais terrifiée. Puis j'ai commencé à me sentir très calme, une sérénité avec de l'amour indescriptible.

Etes-vous passé(e) dans ou à travers un tunnel ou un espace fermé? Oui , j'ai passé 2 tunnels, voir ci-dessus, #3

Avez-vous vu une lumière? Oui

Avez-vous rencontré ou vu d’autres êtres? Oui , j'ai vu ma soeur décédée et j'ai entendu une voix masculine que j'ai prise pour celle de Dieu, voir ci-dessus #3

Avez-vous revu des évènements passés de votre vie? Oui , j'ai revu toute ma vie, très rapidement, peu après être sortie de mon corps, lorsque j'étais encore dans la salle d'hôpital. J'ai appris que j'allais aider à informer et à instruire beaucoup de gens, et c'est exactement ce que je suis en train de faire actuellement.

Avez-vous observé ou entendu, pendant votre expérience, quelque chose concernant des personnes ou des évènements et qui a pu être vérifié par la suite ? Non, j'ai vu bien des choses susceptibles de vérification, je suppose, mais puisque je n'ai jamais parlé de cette expérience jusqu'ici, je n'ai pas pu les vérifier.

Avez-vous vu ou visité des lieux, niveaux ou dimensions admirables ou particuliers ? Non

Avez-vous eu le sentiment d’une modification de l’espace ou du temps? Oui . Le temps importait peu, en fait il ne semblait vraiement pas exister. Jai une idétrès floue du temps. Cette expérience semblait durer des heures, mais j'ai l'impression que l'EMI a eu lieu pendant que j'étais en arrêt cardiaque, en réalité deux minutes seulement. Au réveil, j'étais complètement désorientée, je n'avais aucune idée que tant de temps s'était écoulé, je croyais peut-être un jour, mais 8 mois? Quel choc!

Avez-vous eu le sentiment d’avoir accès à une connaissance particulière, à un but et / ou à un ordre de l’univers ? Incertaine. Au moment de l'expérience tout semblait manifester un ordre significatif, mais je ne m'en souviens plus.

Avez-vous atteint une limite ou une structure physique de délimitation? Oui , j'ai eu le sens que si j'entrais dans la brillante lumière au bout du tunnel, je ne pourrais plus rentrer dans mon corps.

Avez-vous eu conscience d’évènements à venir ? Non

Suite à votre expérience, avez-vous eu des dons spéciaux, paranormaux, de voyance ou autre, que vous n’aviez pas avant l’expérience ? Non

Avez-vous raconté cette expérience à d’autres personnes ? Non

Connaissiez-vous les expériences de mort imminente (EMI) avant votre expérience ? Non

Comment considériez-vous la réalité de votre expérience peu après qu’elle avait eu lieu? L'expérience était probablement réelle, elle semblait réelle, mais au réveil du coma si long j'étais assez désorientée au début, alors j'ai commencé par me convaincre que c'était probablement l'effet des drogues que l'hôpital m'avait données, ou bien j'hallucinais en conséquence de maladie. Pourtant, elle me semblait réelle.

Y a-t-il eu une ou plusieurs parties de l’expérience particulièrement significative(s) ou avec une valeur spéciale pour vous ? Oui , je crois maintenant, sans doute possible, que Dieu existe, et qu'il est imbu d'amour, plus d'amour que le langage pourrait jamais exprimer. Je suis devenue chrétienne depuis l'EMI, et j'ai un amour inextinguible, un désir d'aider autrui. Je suis devenue orateur de motivation, et je partage mon récit avec nombreuses personnes, agences et organisations. Je suis l'objet d'un intérêt de la part des médias à cause de mon histoire, et récemment j'ai reçu un prix provincial intitulé «The Courage to Come Back.» Je raconte l'aspect physique au gens, attentats de suicide, dépressions, maltraitement d'enfance etc. Toutefois je n'ai jamais confié à personne l'expérience de ce qui s'est passé quand j'étais morte, ni quand j'étais en coma. J'ai jugé que si jamais on voulait savoir cela, on poserait des questions, et personne ne les a jamais posées.

Comment considérez-vous actuellement la réalité de votre expérience? Expérience était certainement réelle, plus réelle que toute autre expérience de ma vie entière, et c'est comme si ç'a eu lieu hier. C'était certainement réelle.

Vos relations ont-elles changé spécifiquement à cause de votre expérience ? Non

Vos croyances/pratiques religieuses ont-elles changé spécifiquement à cause de votre expérience ? Oui , je suis maintenant chrétienne régénérée

Après l’expérience, d’autres éléments dans votre vie, des médicaments ou des substances ont-ils reproduit une partie de l’expérience ? Non

Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez ajouter au sujet de l’expérience ? Non

Les questions posées et les informations que vous venez de fournir décrivent-elles complètement et avec exactitude votre expérience ? Oui